A Louis XVIII sont communément associés un principe – celui de légitimité – et un texte – la Charte constitutionnelle de 1814 – par lesquels la royauté restaurée couvrait de son autorité séculaire les transformations sociales et les réformes administratives de la Révolution et de l’Empire. L’importance historique de cette transaction n’est guère contestable, mais n’a-t-elle pas eu tendance à faire passer pour évident ce qui fut le résultat d’un itinéraire humain et politique somme toute moins limpide que l’impression que l’ancien comte de Provence voulut laisser à la postérité ? Comment oublier tout ce que celui-ci dut à la Révolution, sans laquelle sa condition de cadet l’aurait condamné à végéter à la lisière du trône et avec laquelle il entretint du reste, à ses débuts, des rapports ambivalents ? On ne saurait non plus sous-estimer les défis d’un exil deux fois surmonté, dont l’issue a avalisé a posteriori les stratégies mises en place par le prince, mais qui fut majoritairement vécu sous le signe de l’incertitude et des contestations.Restituer davantage le poids de ces circonstances, avec leur part de contingence, faire droit aux hésitations, aux repentirs, voire aux actions inavouées, mettre au jour les évolutions d’une pensée, dans sa maturation comme dans ses contradictions, détecter les archaïsmes sous la modernité et réciproquement, déployer enfin la polysémie de la figure de Louis XVIII et de son legs sont quelques-unes des ambitions que se donne le présent colloque, en saisissant l’occasion du bicentenaire de son décès.
Les études portant sur les monarchies européennes à la charnière des XVIIIe et XIXe siècles ont connu en effet, depuis quelques décennies, un renouvellement considérable. Elles embrassent désormais autant les fondements théoriques et le fonctionnement
institutionnel de ces régimes que leur cadre de vie ou leurs langages formels, sans oublier les cultures militantes ou les représentations qu’elles sécrètent. Il s’agira, en tirant parti des problématiques dégagées par ces travaux, de mieux apprécier la singularité d’une vie et d’un règne, dans la diversité des rôles assumés par l’ultime monarque français mort investi du pouvoir souverain. Une attention particulière sera portée aux matériaux archivistiques, découverts ou à redécouvrir, à disposition des chercheurs, dans une manifestation qui se veut récapitulative autant que prospective.
COMITÉ D’ORGANISATION : Paul CHOPELIN (Université Jean Moulin-Lyon III, LARHRA), Guillaume FRANTZWA (Archives diplomatiques), Rémy HÊME de LACOTTE (Sorbonne
Université, Centre d’histoire du XIXe siècle), Olivier TORT (Université d’Artois, CREHS).
Avec le soutien de la Société des études robespierristes, du Centre d’histoire du XIXe siècle, de Sorbonne-Université, du Ministère des Affaires étrangères, du CREHS, de l’Université d’Artois et du LARHRA.
PROGRAMME
JEUDI 17 OCTOBRE (PARIS 5e, SALLE DES CATECHISMES DE ST ETIENNE DU MONT)
9h30 : Accueil des participants
10h00 : Salutations et introduction
11h00 -11h30 : Conférence inaugurale
Philip MANSEL (Society for Court Studies), Louis XVIII et nous.
11h30-13h05 : Un prince cadet à la cour de France
Présidence : Sylvie LE CLECH (Archives diplomatiques)
Pascale MORMICHE (Université Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, DYPAC), Éduquer Provence dans une fratrie.
Maïa PIRAT (Archives nationales), Les archives de l’Apanage de Provence conservées aux Archives nationales ; administrer la maison princière et les domaines de l’Apanage : état des sources (XVIIIe siècle).
Vincent HAEGELE (Bibliothèques de Versailles), La bibliothèque privée du comte de Provence.
14h30-18h30 : De l’épreuve de la Révolution
à celle du pouvoir
Présidence : Éric ANCEAU (Université de Lorraine, CRULH)
Baptiste VINOT (Sorbonne Université, Centre d’histoire du XIXe siècle), Mirabeau et le comte de Provence en 1789.
Clément WEISS (Paris 1 Panthéon-Sorbonne, IHMC), Chef de guerre ou prince caché ? Le comte de Provence et la contre-révolution armée (1789-1795).
Paul CHOPELIN (Université Jean Moulin-Lyon III, LARHRA), La
restauration sous la Révolution.
16h00-16h30 : Pause
Guillaume FRANTZWA (Archives diplomatiques), Louis XVIII dans le fonds Bourbon des Archives diplomatiques.
Jacques-Olivier BOUDON (Sorbonne Université, Centre d’histoire du XIXe siècle), Les oppositions à Louis XVIII.
Emmanuel de WARESQUIEL (EPHE), Louis XVIII et Decazes : un roi et son favori (1815-1820).
VENDREDI 18 OCTOBRE (LA COURNEUVE, ARCHIVES DIPLOMATIQUES)
MATIN. Présidence : Lucien BÉLY (Académie des sciences morales et politiques)
9h00-10h30 : Le chef de famille
Matthieu MENSCH (Université de Strasbourg, ARCHE),
L’anti-Marie-Antoinette : Marie-Joséphine de Savoie. Surveiller, punir et définir le rôle de l’épouse de Louis XVIII.
Maria Sofia MORMILE (EHESS, CRH), Louis et ses cadets : crise, Révolution et exil au prisme familial.
Grégoire FRANCONIE (Opéra de Paris/Centre d’histoire du XIXe siècle), Une famille restaurée ? Louis XVIII et les Orléans, à l’épreuve de l’unité dynastique.
10h30-11h00 : Pause
11h-12h30 : De la « société des princes »
au « concert européen »
Emilio LA PARRA LÓPEZ (Université d’Alicante), Louis XVIII face à la révolution espagnole de 1820.
Pierangelo GENTILE (Université de Turin), Le comte de Provence et le royaume de Sardaigne.
Raphaël CAHEN (JLU Giessen/Vrije Universiteit Brussel), Louis XVIII vu par les différents acteurs du congrès de Vienne.
APRES-MIDI. Présidence : Jean-Pierre CHALINE
(Sorbonne Université, Centre d’histoire du XIXe siècle)
14h00-15h30 : Une figure controversée
Olivier TORT (Université d’Artois, CREHS), Louis XVIII et la droite.
Rémy HÊME de LACOTTE (Sorbonne Université, Centre d’histoire du XIXe siècle), “Très-chrétien” mais non sacré : la problématique religion de Louis XVIII.
Charles-Éloi VIAL (Bibliothèque nationale de France/Centre d’histoire du XIXe siècle), Regards méconnus sur un règne : Louis XVIII dans les fonds d’archives conservés à la Bibliothèque nationale de France.
15h30-16h00 : Pause
16h00-17h55 : Enjeux mémoriels
Cyprien CHEMINAT (Université Clermont Auvergne, CHEC), Du roi des Alliés au roi des éteignoirs, la figure satirique de Louis XVIII entre deux restaurations.
Baptiste ROGER-LACAN (Paris 1 Panthéon-Sorbonne, IHMC),
Louis XVIII dans la mémoire des droites françaises (XIXe-XXe siècles).
Samantha CARETTI (Université de Caen Normandie, LASLAR), La mémoire de Louis XVIII dans la littérature du XIXe siècle.
Hélène BECQUET (Académie de Dijon), Louis XVIII et les
“martyrs” royaux.
SAMEDI 19 OCTOBRE (PARIS, SORBONNE, AMPHI GUIZOT)
9h00-12h05 : Une certaine conception de la royauté
Présidence : Isabelle BRANCOURT (CNRS, Institut d’histoire du droit-Jean Gaudemet)
Blandine HERVOUËT (Université de Caen Normandie, Institut caennais de recherche juridique), Les idées politiques du comte de Provence à travers ses échanges avec son premier conseiller, Jacob-Nicolas Moreau.
Oscar FERREIRA (Université de Bourgogne, CREDESPO), Louis XVIII, gardien et fossoyeur des lois fondamentales du royaume.
Patrick SPILLIAERT (Société des amis du musée national de la Légion d’honneur et des ordres de chevalerie), Louis XVIII et les Ordres du roi.
10h30-11h00 : Pause
Thibaut TRÉTOUT, Louis XVIII et l’étiquette.
Élisabeth ENGRAND (Académie de Créteil), Le portrait royal pour “renouer la chaîne des temps” ? Les représentations dites officielles
de Louis XVIII.
12h05-12h30 : Philippe BOUTRY (Université Paris 1 Panthéon-
Sorbonne, Centre d’histoire du XIXe siècle), Conclusions
Inscription obligatoire avant le 12 octobre en écrivant à remy.heme_de_lacotte@sorbonne-universite.fr
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Paul Chopelin (4 octobre 2024). Colloque “Louis XVIII (1755-1824) : devenir et demeurer roi de France à l’âge des révolutions” (Paris, 17-19 octobre 2024). Revolution-francaise.fr. Consulté le 3 novembre 2024 à l’adresse https://doi.org/10.58079/12f62